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17 avril 2014 4 17 /04 /avril /2014 15:20
DANS LE VIN LE VOYAGE

 

Etre né, avoir grandi, chaque soir s’endormir à Itapipoca, au cœur du petit Etat du Ceara, et rêver jusqu’à l’obsession de découvrir un jour la Cité des vins de Bourgogne, oui c’est possible. Surtout si la passion du vin est héritée d’un père grand amateur de Chambolle-Musigny, Nuits-Saint-Georges et autres Pommard, le seul luxe auquel il ait jamais sacrifié. Un maître qui a su transmettre cette passion sans avoir mis le pied, de toute sa vie, sur un autre sol que celui du Brésil.
 
Ce voyage se fera donc pour deux. Il aura nécessité quelques sacrifices financiers pour le fils vertueux, soucieux d’économiser jusqu’au moindre centavo durant trois ans pour l’entreprendre. A présent, tout est prêt. Dans deux jours, il reliera par un fil invisible la rua Ana Luisa Braga de son enfance à la vallée de la Saône.
Pour son premier voyage en Europe, il ne visitera ni le Colisée ni Buckingham Palace ni même la Tour Eiffel, au grand désespoir de ses proches. Mais il saura, à son retour, si le vignoble de la Côte de Nuits et les coteaux du Mâconnais ressemblent bien aux tableaux qu’il avait dans la tête.
Son périple a été méticuleusement pensé. Il sera scrupuleusement respecté. Sans doute se souviendra-t-il en découvrant le château du Clos de Vougeot de ce que lui dit un jour son père dans ce coin du cellier qui lui servait de bureau : « Sais-tu que la région de Bourgogne compte autant de grands crus que la vie du Christ a compté d’années ? C’est un signe, ça ! ». Court silence, hochement de tête faussement pénétré puis l’homme, devant le regard perplexe de son fils, de partir d’un grand éclat de rire aussi troublant, pour un enfant de neuf ans, que la question posée.
 
Faire le grand écart. C’était l’expression ambigüe mais consacrée dans la famille pour évoquer un voyage au-delà de l’océan. Elle rassurait. Celui qui partait ne partait jamais tout à fait. C’était aussi et surtout plonger au cœur de cette photographie trentenaire posée dans son cadre sur le buffet du salon et qui représentait un groupe de Chevaliers du Tastevin, en tenue d’apparat, lors du défilé de la Saint-Vincent tournante à Vosne-Romanée. Depuis toujours, les cinq personnages qui posaient avaient fasciné petits et grands et fait l’objet de longues contemplations. Aller à leur rencontre ferait simplement s’animer cette image débonnaire et souriante de lointains parents.
Ce fut au cours d’une soirée bachique entre voisins, au numéro 5, travessa João Cordeiro, qu’un ami de la famille raconta son long voyage en France et son passage par les Hospices de Beaune. Un récit propre à fabriquer toutes les envies de l’Eden. Ce soir là, les convives jugèrent un rien étrange qu’un hôpital pût tirer une partie de ses revenus de la production et de la vente d’alcool. Mais bon. La conversation fît heureusement long feu. Le moment était venu que chacun attendait : la dégustation du Griotte-Chambertin livré la veille. Comme toujours, son père officiait. Il déboucha la troisième bouteille du coffret en partant de la gauche, ce qui prit une bonne dizaine de minutes. Le rite, imposé, intégrait de nombreux commentaires, propres à ménager le suspense. Le verre à base arrondie fut brandi, comme toujours, pour une muette bénédiction et le vin versé. Suivirent les inévitables considérations savantes sur la robe rubis et le nez expressif de ce millésime 2008. Puis, deux minuscules gorgées rapides, comme toujours, pour ouvrir la route, alerter les sens et préparer le palais. Enfin, le trait majeur, exécuté les yeux mi-clos et gardé longtemps, trop longtemps en bouche. Puis le verdict, l’issue d’un rêve exaucé et ce cri espéré et lancé dans un grand sourire, comme à chaque fois : « Meu Deus ! Mais ce vin là vous embrasse ! », sous une salve d’applaudissements.
 
C’est ainsi que l’idée s’était inexorablement imposée de concevoir un séjour sensoriel au cœur de ces terres généreuses et lointaines. Le programme retenu devait combiner le festival de Montgolfières en Côte Chalonnaise, l’itinéraire de caves en caves du Cru Viré-Clessé, incontournable, deux ou trois randonnées improvisées en solitaire, moments indispensables et, bien entendu, le concert de Daniel Peixoto, artiste originaire de Fortaleza dont la tournée européenne passait, au même moment, par Meursault. Une manière sans doute d’unir terroir de naissance et terroir choisi.
Le bagage sera léger. Aussi peu d’effets que de préjugés. Pour faire place aux surprises et aux imprévus, espérés nombreux. Sur chaque route empruntée, la quête des bouquets, fruité du Pinot noir ou minéral du Pouilly-Fuissé, la découverte du Clos des Lambrays et de son ennemi intime le Domaine Eugénie, l’invitation au mariage éphémère de Bach et de Bacchus et l’expérience envoutante des marchés nocturnes. D’ouvrée en ouvrée, l’itinéraire se construira comme un parcours d’initiation aux traditions toutes bourguignonnes de penser la vigne heureuse. Dans l’arôme du vin, il y a toujours la promesse d’un voyage. Et pour cette somme offerte de bonheurs simples, obrigado.
 
Didier TURCAN
 
La Bourgogne et les parcours VinoPass de Covos Baxon - Contacts : Roch Guilabert – Anne LE CALVE – Tel : 01 55 20 23 83 – Covos Baxon et Sembat Tourisme, partenaires de L’ENTREPRISE EN MOUVEMENT.
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