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12 juillet 2012 4 12 /07 /juillet /2012 19:17

HORIZON

 

Passé l’été, la conjoncture semblait à nouveau vouloir sourire et l’activité, peu à peu, reprenait. L’horizon s’ouvrait sur de nouvelles et d’intéressantes perspectives.

L’agence venait de décrocher, pour deux ans, le budget MICE d’une importante entreprise française agroalimentaire. Aucune compétition n’avait vraiment été organisée. L’agence était tombée au bon moment, quand le client  remettait en question ses process  d’achat de prestations MICE lesquels, jusqu’alors, dépendaient d’une bonne demi-douzaine de directions opérationnelles.

Il avait suffi de deux réunions pour recenser les besoins MICE du client sur l’année 2013. L’agence l’avait démarché en proposant une étude gratuite de ces besoins, comprenant leur définition, la préconisation de différents supports, la planification des opérations, le devis avec, en prime, une offre de prix sur une période couvrant deux exercices, rabais à la clé bien entendu, sous condition de réalisation d’un volume d’affaires déterminé.

La mise en place des nouveaux process d’achat nécessiterait la tenue de séminaires réunissant, sur les deux premiers mois de l’année, les cent cinquante collaborateurs directement concernés. Pour faire avaler certaines pilules, les cinq séminaires convenus se dérouleraient hors les murs de l’entreprise, quelque part dans les Alpes. Le principe d’une réunion générale de synthèse fut arrêté qui se tiendrait dans la ville du siège social.

Depuis l’année précédente, le client avait programmé un lancement de produit. Il s’agissait, à proprement parler, de dévoiler aux distributeurs et commerciaux la nouvelle déclinaison d’un produit existant opérée selon la technique dite du « stretching ». La manifestation, nécessairement réalisée en France, devrait être particulièrement impactante. On retint le début du  mois de février. Livraison de la boucle d’entrée de salle et des éléments de scénographie : le 10 janvier.

Puis le client envisageait par ailleurs de renouer avec certaines bonnes habitudes. Un voyage incentive serait programmé fin septembre 2013 pour récompenser les meilleurs vendeurs de l’année en cours,  laquelle promettait d’afficher de très performants résultats. Destination Chili.

Intégrée au package, l’Assemblée Générale des actionnaires qui se tenait, immuablement et depuis toujours, entre le 12 et le 15 juin de chaque année. Côté au compartiment B d’Euronext, le client réunissait ainsi quelques trois cents actionnaires dans un cadre confortable mais austère comme il se doit.

La reprise tant attendue impliquait pour le client d’être visible sur au moins trois salons internationaux qui furent rapidement identifiés : deux aux Etats-Unis, un en Allemagne. On connaissait les coûts incompressibles d’une telle participation à ces manifestations. Les équipes déléguées sur ces salons seraient réduites de moitié. Mais on conserverait une exigence élevée de qualité pour l’hébergement. Les conversations toujours se poursuivent au bar de l’hôtel.

Décembre 2013 renouerait avec l’organisation d’une fête de fin d’année. Certes, comme les trois années précédentes, on aurait pu s’en dispenser. Mais les résultats déjà obtenus et ceux qui pointaient rendaient opportune et souhaitable la tenue d’un événement festif convivial. On retint le jour de la Saint Nicolas. L’agence soumit trois lieux situés aux portes de Paris. Tous les détails ne furent pas réglés mais on s’entendit sur une enveloppe globale jugée raisonnable de part et d’autre.

La démarche de responsabilité sociétale devait être renouvelée. La direction du client, depuis longtemps, attachait une importance particulière à l’articulation d’une politique RSE en  cohérence avec les valeurs et les produits du groupe. Deux réunions des managers de sites furent programmées sur l’année en vue d’une sensibilisation plus grande aux enjeux de la RSE.

L’agence fut invitée à plancher sur un catalogue d’actions nouvelles de la Fondation d’entreprise existante et agissant en faveur de l’enfance et de son bien-être par la promotion de modes d’alimentation équilibrés. L’agence fut priée de collaborer avec un collectif de créatifs indépendants de longue date compagnons de route de la Fondation.

Comme chaque année, un budget fut arrêté pour le soutien de jeunes artistes contemporains au travers d’un club de mécènes attaché à une institution privée parisienne. Ce budget devrait désormais être géré par l’agence.

Enfin, l’agence dut intégrer les manifestations associées aux compétitions auxquelles participait le monocoque pavoisé aux couleurs du client depuis toujours  fervent sponsor de voile sur tous les océans du monde. Une promesse de casse-tête logistique en perspective.

L’année 2014 ne prévoyait aucun lancement de produit. A cette exception près, les besoins  MICE  du client seraient sensiblement identiques en volume à ceux de l’année précédente. Une période contractuelle de deux  ans fut actée avec l’agence qui proposa d’agir sous mandat en faisant valoir tous les avantages fiscaux liés à ce régime et depuis longtemps expérimentés. Dans la foulée, un calendrier de reporting fut établi et approuvé.

Je fus réveillé en sursaut par le bruit de la perceuse d’un voisin bricoleur. Toujours très agaçant. J’avais la tête en lambeaux. Au dehors, les nuages étaient bas, très bas. Il pleuvait toujours sur Paris …

 Roch GUILABERT

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