Les dirigeants des plus grands groupes pharmaceutiques mondiaux étaient réunis en ce dernier hiver dans le froid londonien, à l’initiative de la Bill and Melinda Gates Foundation. Au menu de la rencontre, la lutte contre les maladies tropicales.
Les maladies des pauvres ne faisant pas recette, il fallait être de plus en plus imaginatifs sur la question.
On le prétend, le besoin et la pénurie, parfois, fertilisent la créativité. Depuis une quinzaine d’années, des partenariats public-privé avaient été instaurés qui se concentraient sur la mise au point de vaccins pour les pays émergents. La réunion de Londres avait pour objectif le lancement d’un nouveau fonds d’un format un peu particulier regroupant plusieurs grands laboratoires occidentaux, l’Organisation mondiale de la santé et les Etats directement concernés autour d’un programme de vaccination contre le paludisme, la leishmaniose et la dengue et destiné aux nourrissons et jeunes enfants vivant dans les régions endémiques d’Afrique subsaharienne et d’Asie pacifique. Les programmes ciblés existants n’avaient jusqu’alors donné qu’une satisfaction relative. La volonté de mutualiser les efforts s’était rapidement imposée, forte de l’appui d’organisations non-gouvernementales et de sociétés savantes particulièrement influentes.
Dans le berceau du nouveau PPP, une demi-douzaine de dons pour un total de 600 millions de dollars servirait d’amorçage. Un mécanisme de garantie des prix des futurs vaccins, assorti de la clause dite du « tiered pricing », devrait inciter les fabricants à investir dans la recherche et développement. Les industriels s’engageraient de leur côté à préserver la sécurité des approvisionnements. Enfin, une veille scientifique et épidémiologique serait assurée qui doterait les parties contractantes de responsabilités partagées permettant d’ajuster régulièrement les termes et modalités du partenariat.
L’accord de Londres n’était certes pas le premier du genre dans le domaine des maladies tropicales négligées. Mais Il était sans nul doute le premier parmi les modèles économiques émergents à combiner avec autant d’audace les techniques contractuelles les plus sophistiquées et les avancées technologiques arrivées à maturité.
Si la priorité pour le sud, au cours de la Décennie de la vaccination, était de réaliser une sorte d’union sacrée autour des vaccins, la question de savoir si la vaccination était encore moderne agitait et nourrissait régulièrement les cénacles occidentaux en général et français en particulier. L’enseignement de certaines professions paramédicales y était même franchement hostile. Ce débat surprenait l’observateur profane à qui l’on détaillait, par ailleurs, les avantages du carnet de vaccination électronique et qui venait d’apprendre que les vaccins contre certains types de cancer ou de pré-cancer existaient déjà : papillomavirus, hépatite B, cancer de la prostate … . Et intégrait peu à peu que son époque était celle de la vaccination thérapeutique, laquelle s’imposait en empruntant aux méthodes de la thérapie cellulaire. De tempérament inquiet - et on avait tout fait pour - cet observateur devenait savant.
Il n’était certes servi ni renseigné alors par une communication officielle timorée et assez éloignée du terrain. Et les relais d’information traditionnels se révélaient défaillants. Si certaines professions de santé, étaient très impliquées d’autres, en revanche, se maintenaient éloignées du combat contre l’image quelque peu désuète du vaccin.
C’est dans ce contexte qu’était née l’idée de tenir les premiers Etats Généraux de la vaccination dont l’ambition était d’être le forum d’expression de référence tant des acteurs privés que des acteurs publics. Une grande messe de plus avaient pu dire certains croyant observer que le marché en était saturé. Bien plus efficaces auraient été des initiatives prises auprès de ces relais naturels qu’étaient les associations de patients, elles-mêmes acteurs de terrain. A cette remarque, les promoteurs du projet avaient répondu, lors d’une conférence de presse, qu’ un passage obligé et systématique par les associations de patients, dans ce domaine comme dans d’autres, risquait d’émietter et de fragmenter l’action de communication et de promotion à mener quand celle-ci réclamait une coordination renforcée. En outre, les associations de patients étaient bien entendu invitées à prendre toute leur part dans les Etats Généraux à venir et à formaliser, au plus vite, leur contribution.
Dans la foulée, et dans le cadre du programme « Demain, j’ai santé » qui venait d’être officiellement agréé par le ministère de l’Education Nationale, un volet pédagogique « vaccination » avait été mis au point par un groupe de travail inter-ministériel. La vaccination venait de faire sa rentrée scolaire.
Les bonnes intentions en matière de prévention n’avaient jusqu’alors jamais reçu une telle consécration. C’était une première satisfaction. Un second motif de se réjouir suivait : à terme, on pouvait espérer l’avènement d’une génération agissante qui n’attendrait plus seulement qu’un richissime bienfaiteur l’invite à sa table pour partager quelques reliefs d’Ortolans.
Didier TURCAN
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