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"LES ENFANTS DE LA TUILERIE » et « SANSKRIT ANITI – Le souffle des âmes » sont les deux premiers romans de Patrick ERRARD.
Le premier révèle une écriture maîtrisée, visuelle, presque cinématographique pour narrer les destins parallèles puis convergents de ses nombreux personnages sur un demi-siècle.
Le second se risque dans le récit aventurier où le héros, chercheur en neurosciences, nous invite à un bien étrange trekking aux confins de l’altiplano bolivien.
Un détail : Patrick ERRARD est médecin de formation et industriel de la santé. Pour faire simple, c’est un hyperactif qui inaugure notre nouvelle rubrique. La découverte de ce nouvel auteur surprend et interpelle.
Questions à Patrick ERRARD.
CB. De la rue Ramey au Jardin du Luxembourg, de l’hôpital Necker à La Pitié, du Loir et Cher à ce qu’il reste du Tahuantisuyu abordé, de manière inhabituelle, par son versant bolivien, vos récits sont jalonnés de repères manifestement familiers. A vous-même et, plus peut-être que vous ne l’imaginez, à certains de vos lecteurs … Pensez-vous que la littérature doive nécessairement se nourrir de l’expérience ?
P.E. Le récit, l’autobiographie, ou le « témoignage » sûrement. Les mauvaises langues diront que ce n’est pas de la littérature, mais des livres de plages !
Pour moi, le roman trouve son inspiration dans un curieux mélange fait de rêve, d’imaginaire et de scènes de la vie (quotidienne ou pas) profondément ancrées dans la mémoire. De sorte que lorsqu’on invente une histoire, ces souvenirs viennent s’interposer au milieu de la fiction, et se présentent comme des « condiments » qui viennent donner couleur, sensation, odeurs et saveurs au texte. L’expérience est indissociable de toute forme d’art puisque l’art est d’abord l’expression de l’inconscient. Il en va a fortiori de même pour les essais ou la littérature philosophique. Je ne sais pas si ce que j’écris est de la littérature. Ce que je sais c’est que je préfère, à tout prendre, être classé dans les bons livres de plages, plutôt que dans de la mauvaise littérature !
CB. Il faut de l’audace pour publier un premier roman et plus encore un second, le tout, de surcroît,sous son vrai nom. Cette audace est souvent balancée par le choix de personnages bien dessinés mais plutôt tempérés ou même contraints qui ne s’autorisent pas de vraies dérives. Aurez-vous le goût de concevoir la psychologie de personnages antipathiques, authentiquement méchants, excessifs, sulfureux, voire franchement pervers ?
P.E. C’est une bonne question. Peut être… Pourquoi pas. Vous trouverez cela peut être un peu niais, mais les antipathiques, les méchants les sulfureux et surtout les pervers ne m’inspirent pas beaucoup.
De plus, je m’efforce de les éviter dans la vie, et donc l’expérience (confère réponse question 1) que j’ai de ce type de personnage étant limitée, je risquerai de les « louper ». Avouez que ce serait dommage !
Il faudrait que je me familiarise avec ce gens là. Avez-vous des adresses ?
CB. On peut tenter de vivre plusieurs vies en même temps. Pas facile. Ou bien, après une première vie que l’on pense accomplie ou monotone, en entamer une deuxième. Dans les affres d’une inévitable période de transition faite de doute, de conflits intérieurs et de désarroi. L’écriture sera-t-elle votre seconde vie ?
P.E. Je n’ai qu’une existence, et je crains qu’il n’y en ait pas d’autre derrière. Alors j’ai décidé de m’organiser un peu pour faire en sorte que tout cela coexiste pas trop mal. (Du coup, le coté monotone… c’est pas trop mon truc)
Je dois quand même vous faire un aveu : j’ai une existence, mais j’ai deux vies.
Une, comme tout le monde, le jour. L’autre la nuit, conséquence inéluctable d’une probable mutation génétique ayant fait de moi un infatigable insomniaque.
DT