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17 décembre 2012 1 17 /12 /décembre /2012 14:24

OTS

 

Chronique de Tourisme Spatial.

L’intitulé détourné de cette conférence était léger. Mais la conférence, elle, était très sérieuse qui  se tenait dans les locaux de l’Agence Spatiale Européenne de la rue Mario Nikis à Paris.

Un aréopage exceptionnel siégeait ce jour-là dans ce quartier tranquille, à deux pas de l’UNESCO. Le directeur général de l’ESA n’en finissait plus de remercier les personnalités présentes, des officiels, des industriels - représentants d’EADS, de Dassault - des scientifiques, des astronautes, des voyagistes russes, japonais et français, tous passionnés et convaincus d’être les pionniers du tourisme dans les étoiles.

Alan STERN et Gerry GRIFFIN, anciens responsables de la NASA et néo-entrepreneurs à la tête de la Golden Spike Company, sont venus exposer le plan de commercialisation de leurs missions d’exploration lunaire pour milliardaires blasés. Avec eux, c’est du lourd. Le démarrage du programme est prévu pour 2020 mais les lanceurs et les vaisseaux spatiaux sont encore à inventer.

 

Richard BRANSON lui-même a fait le déplacement, en compagnie du gouverneur américain Susana MARTINEZ. Lui est venu expliquer pourquoi il avait choisi d’opérer à partir du Nouveau-Mexique. Et comment sa société, Virgin Galactic, comptait s’y prendre pour faire du vol suborbital une activité touristique presque banale. Fort de ses 10 000 réservations pour un ticket à 200 000 Dollars sur Space Ship Two, de son incontestable charisme et de sa manie de transformer en succès tout ce qu’il entreprend, il fait une fois encore vaciller les plus sceptiques.

 

Le président de Space Adventures, agence leader mondiale incontestée donne, lui, dans un registre très concret en détaillant, tarifs à l’appui, le catalogue déjà fourni des offres proposées sur le marché. Si l’on met de côté le vol en orbite en Soyouz vers la Station Spatiale Internationale (ISS), avec ou sans nez rouge, réservé à quelques privilégiés, le premier prix d’un vol « simple » en orbite démarre à 100 000 dollars, coûts de l’entrainement préparatoire en sus. Un vol à bord d’un avion de chasse à Mac 2 peut être conclu pour un prix d’environ 25 000 dollars. Une somme identique est réclamée au candidat à l’entrainement pour un  vol dans un supersonique. La journée dans un simulateur d’apesanteur est l’affaire de 10 000 dollars. La bonne épouse qui veut faire déverser les cendres de son défunt mari dans l’espace doit débourser 5 000 dollars. Enfin, c’est avec 50 dollars seulement qu’il est déjà possible d’envoyer un peu de son ADN dans le cosmos, à la recherche de l’âme sœur.

On le conçoit à présent, le marché du tourisme spatial est sans doute promis à une expansion considérable. Pour qui pense avoir fait le tour du plancher des vaches, l’objectif prochain est désormais d’atteindre l’état d’apesanteur - à 100 km d’altitude, juste au-dessus de la ligne de Karman - en quelques minutes, bien calé dans son avion-fusée. De toute évidence, les candidats ne manquent pas et l’intérêt du public est réel. Conséquence, la course aux « spaceports » commerciaux a commencé. Des bases de lancement sont construites, aménagées ou mises à l’étude au Texas, dans l’Oklahoma, en Floride mais aussi à Singapour, dans les Emirats arabes unis, en Afrique du Sud et au nord de la Suède. Le maillage se met en place et pas seulement sur terre. Plusieurs entreprises imaginent à présent de construire des hôtels placés en orbite. De grands opérateurs internationaux travaillent aujourd’hui à l’élaboration très sérieuse de plusieurs projets.

A la reprise des travaux de la conférence, au début de l’après-midi, l’idée est rapidement acquise : les vols suborbitaux habités ne pourront générer une activité économique qu’au prix d’une information soutenue du public. Les moyens devront être trouvés pour diffuser et vulgariser les rudiments d’une connaissance de l’espace propres à chasser tous les fantasmes et quelques idées reçues. Les représentants d’un think tank français de création récente, dans une courte communication, annoncent l’ouverture prochaine à Paris du premier Centre d’information sur le tourisme spatial, techniquement équipé en matériel de démonstration, vidéos, photos, écrans, grâce aux concours de différents partenaires associés. Pour des impératifs de rentabilité allant de soi, ce centre est conçu  à la fois comme une agence de voyages classique, diffusant des produits traditionnels, un espace de rencontres et, pour faire bonne mesure,  une boutique de vente de produits dérivés.

Aucun parmi les participants présents ce jour à l’ESA ne pouvait imaginer que cette conférence fut sans lendemain. Aussi,  Le délégué général d’Astrium, leader spatial européen, reçut-il l’assentiment unanime des conférenciers lorsqu’il proposa la mise au point d’un cycle de réunions et de colloques, baptisé Space Mice Planning, sur une durée de trois ans. Un cycle destiné à prendre rapidement le pouls du marché, à sensibiliser les différents agents  économiques et les partenaires éventuels mais aussi à influencer le cours juridique et politique de l’activité naissante.

Médiatiquement relayées, ces réunions pourraient  être un formidable  instrument d’information et de promotion du tourisme spatial en revendiquant une légitimité incontestable. Et servir de socle à une offre crédible. Promettre la lune, d’accord mais pas Mars, non pas Mars. Du moins pas encore… .

 

Roch GUILABERT

 

COVOS BAXON, partenaire de l’Observatoire du Tourisme Spatial (OTS) - Contact : Roch Guilabert - 01 55 20 23 83.

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