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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 13:34

 

KEY INCENTIVE

L’ introduction de l’incentive en France s’est faite à la fin des Trente Glorieuses. A une époque de quasi  plein emploi  et de croissance économique continue. Mécanisme destiné à fouetter les ambitions, l’incentive est particulièrement indiqué en période de contre-performance et trouve sa vraie justification en temps de crise. Quand il s’invite dans les années 70 au cœur d’une économie relativement saine, on peut légitimement douter de son utilité et de son destin. Il allait pourtant connaître deux décennies de prospérité, la demande ne faiblissant qu’en fin de siècle.

1975. C’est hier, pour certains. Nombreux cependant à l’époque étaient ceux qui n’avaient jamais pris l’avion. Encore plus rares bien entendu, ceux qui avaient un jour franchi les portes d’un autre continent. L’électronique évoluait dans un monde parallèle, parfaitement inaccessible. Les foyers étaient chaleureux certes mais s’affranchissait difficilement de l’univers ouaté de l’immédiat après-guerre. C’est parce que l’incentive proposait alors  quelque chose d’exceptionnel  voire d’insolite que la pratique s’est rapidement imposée auprès des entreprises bien convaincues qu’elles allaient doper leur activité sans charges nouvelles. Petit détail perdu de vue de nos jours et la remarque n’est pas seulement un argument commercial. L’incentive n’est pas une dépense mais bien un investissement éclairé qui, en toute logique, est couvert par l’atteinte ou le dépassement des objectifs fixés. Il ne coûte rien à l’entreprise et la récompense, voyage ou cadeau, est auto-payée. Il est vrai qu’investir dans l’incentive, c’est croire en l’avenir. L’effort fourni a un sens et s’inscrit dans la durée. Aujourd’hui, la crise perturbe les repères des entreprises et suscite des réactions bien peu lucides en vérité. L’heure est aux apparences : l’image que l’on donne de soi doit être  non-ostentatoire, sans aspérités, sans prises. La crainte est en outre toujours présente de déclencher un cycle non maîtrisable de revendications concurrentes : s’il y a de l’argent pour l’incentive, il doit bien y en avoir pour des augmentations de salaires, pourquoi privilégier une cohorte particulière de salariés, les commerciaux, quand ceux qui sont en amont sont négligés … . Evoquons enfin la responsabilité particulière des professionnels dans cette situation qui n’ont peut-être pas toujours su mettre en avant leurs interventions, leur utilité, leur valeur ajoutée et qui ont, souvent, envoyé des messages brouillés.

Très tôt parmi les récompenses, les voyages se sont imposés. Fort logiquement, d’ailleurs. En réalité, dans la panoplie disponible, rien n’est comparable à un voyage incentive. Pas plus l’augmentation de salaire qu’une prime occasionnelle ou qu’un cadeau. Aucune de ces alternatives ne peut exciper du même ressort psychologique et le voyage incentive vaut bien davantage que sa simple valeur faciale. Le cadeau est une récompense égoïste quand le voyage s’inscrit dans une démarche collective qui répond en écho à celle de l’entreprise. Le maître d’ouvrage d’une opération incentive a tout intérêt à en maîtriser le processus du début à la fin. A ce niveau, le voyage demeure encore de nos jours la formule la plus aboutie. Il ne craint pas la routine et se pare toujours des mêmes vertus. Le voyage incentive reste l’occasion d’échanges exceptionnels. Il génère des moments uniques. Son image est souvent caricaturée mais la matière créé d’authentiques instants de vérité et de sincérité. C’est une fabrique de souvenirs forts qui marquent pour longtemps  les participants. Sans être dupes, il faut rappeler simplement  les raisons qui ont suscité tant d’intérêt pour cette formule, raisons qui sont toujours les mêmes aujourd’hui simplement parce qu’elles sont intemporelles.

Lecture des quelques trop rares chroniques sur le sujet. L’incentive -voyage devrait à présent, pour survivre, se lancer dans une quête de sens et de contenus. La  proposition  surprend. Epousant la stratégie commerciale des entreprises, évoluant au cœur des ressources humaines,  c’est pourtant très sérieux, l’incentive. Et de sens et de contenus il nous semble qu’il en a toujours eu. Mais cet incentive là, renchérit-on,  devrait être responsable. Le mot, très en vogue en ce moment, est lâché. Un incentive responsable : cette époque raffole des apparentements terribles. L’ incentive serait donc  comptable du bilan carbone des entreprises. Aucune raison qu’il échappe  aux injonctions dogmatiques du développement durable . Il faudrait  concevoir  un incentive exemplairement light, en quelque sorte. Un incentive politiquement correct. Une suggestion :  soyons bien conscients des grandes problématiques contemporaines mais restons  mesurés. Observons sans vouloir provoquer et sans clin d’œil particulier à l’actualité que si l’objectif est de convoquer les gens en conclave, il n’est peut-être pas utile de prendre l’avion. Ne mélangeons pas tout et osons plaider pour un incentive à la folie raisonnable qui évite de se parer d’alibis humanitaires ou socialement responsables, dès lors que ce ne sont que des alibis. Pour préserver son efficacité, l’incentive doit s’assumer tel qu’il est, avant tout un exceptionnel moment de détente et de convivialité, et refuser de se travestir alors même qu’il œuvre, au bout du compte, dans l’intérêt de tous.

Cette identité une fois réaffirmée, l’incentive doit à présent exiger d’évoluer dans un cadre juridique clair. Et sur le sujet, il semble qu’à nouveau ce soit mal parti. Dans ces colonnes et dans le cadre des Assises virtuelles de l’incentive, nous avons déjà évoqué à maintes reprises une législation récente dont le texte nous heurte infiniment plus que l’esprit. Il y a pire en effet qu’une législation prohibitive ou contraignante : une  législation incertaine. L’incertitude juridique est aujourd’hui réintroduite par le nouvel article L. 242-1-4 du Code de la sécurité sociale créant un régime spécifique de taxation pour les incentives pratiqués par un tiers employeur. Avec un texte imprécis, -volontairement  peut-être-, confus, élaborant un mécanisme complexe comme c’est le cas, nous sommes repartis pour 10 à 15 ans de jurisprudence contradictoire qui créera le doute au niveau des décideurs. Et dans le doute, pas d’incentive. On connait l’histoire à l’avance. Le flou des textes conduit à des montages approximatifs  toujours susceptibles d’être requalifiés par le biais d’une quelconque procédure d’abus de droit. Un sport auquel plus personne n’a envie de se livrer. Un intense travail de lobbying attend donc rapidement les professionnels sur la question pour modifier un texte mal ficelé. Au passage, ils feront œuvre utile auprès des députés et des  sénateurs en leur précisant que les incentives ne sont ni des cadeaux d’affaires, ni des petits arrangements entre amis.

A l’heure du renouveau du tourisme urbain, quand tant de cités sont encore à découvrir, à la faveur d’un tourisme qui s’est imposé comme la première industrie mondiale, à un moment où plus que jamais les entreprises ont besoin de se surpasser, de créer de nouveaux modèles et de mobiliser leurs troupes pour figurer sur des marchés ultra-concurrentiels, l’incentive demeure bien entendu un outil de gestion d’une incontestable efficacité et d’une étonnante modernité. Au cœur de l’industrie du  MICE, il sert les intérêts domestiques des entreprises et de leur environnement immédiat en même temps qu’il les éveille  ou les réveille sur le monde et sur les autres. Anticipant  les premiers balbutiements d’une reprise espérée, pour l’incentive, c’est reparti.

 

Didier TURCAN.

Covos Baxon, pionnière en France de l’incentive - L’Entreprise en mouvement- Devis, conception, organisation : Anne LE CALVE - Roch GUILABERT - Caroline MOULIN - 214 allée du Forum - 92100 BOULOGNE-BILLANCOURT - Tel : 01 55 20 23 83.

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commentaires

C
Merci pour cette analyse. Avec la crise oblige, les codes d'incentives ont tendance à se bousculer. Toutefois, j'ai comme l'impression qu'il reste encore une niche intéressante dans la branche de la communication globale de luxe et par ailleurs l'incentive de luxe. Qu'en pense-vous?
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T
Merci pour ces informations!
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